Les mots du Discours Courant

   

Bien des termes couramment utilisés dans les conversations ou les médias sont empruntés au champ de la psychanalyse – ou s'en réclament. Cependant, de nombreux glissement de sens peuvent être reconnus, jusqu'au contre-sens parfois... d'où ces quelques précisions.

acte manqué
angoisse
complexe
culpabilité
défoulement
délire
dépression
frigidité
hystérique
impuissance
inconscient
maso
névrose
obsession
œdipe
parano
perversion
phobie
psychiatrie
psychose
refoulement
rêve
sadique
sexualité
timidité
transfert

 
Le philosophe ne peut manquer aussi de ressentir l'effet des questions nouvelles que la psychanalyse a introduites dans le champ de la réflexion que l'homme peut tenir sur lui-même.
conscience
éthique
destin
être
inconscient
langage
liberté
savoir et vérité
sujet
culture

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ACTE MANQUÉ

Chacun d’entre nous se trouve confronté au surgissement d’actes, quelquefois anodins, qui s’avèrent en flagrante contradiction avec l’intention ou le résultat visé. Un effet de surprise et d’énigme apparaît souvent, qu’on est tenté de réduire à l’effet du hasard et de la distraction : oubli de rendez-vous (le conférencier qui oublie ses notes, par exemple), le bris d’objet qui n’est pas affectivement indifférent pour la personne, etc... Freud considère qu’il s’agit là de l’expression de l’inconscient, au même titre que le lapsus, l’oubli ou le symptôme. 
Dans son ouvrage « Psychopathologie de la vie quotidienne », il donne de nombreux exemples de ce type d’actes, en tant qu’ils expriment, tout en la dissimulant, une vérité inconsciente ayant été soumise au refoulement.

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ANGOISSE
Sentiment de tension ou de malaise, mêlé de crainte, qui submerge le sujet sans que celui-ci puisse en définir la cause, ou trouver le moyen de s’y soustraire comme on le fait pour un danger réel. L’angoisse peut se manifester doublement : par une intense douleur psychique ou par des manifestations somatiques (oppressions, contractures...).
Freud a tout d’abord fait de l’angoisse la cause des maladies nerveuses et l’a reliée à la frustration sexuelle. Progressivement, il donne à l'angoisse le statut d’un signal destiné à avertir le sujet de l’irruption possible ou du retour du matériel refoulé (il s’agit de pensées qui ont été écartées de la conscience en raison de leur caractère incompatible avec les idéaux de la personne). L’angoisse devient un mode de défense par rapport à un danger interne. L’angoisse de castration, par exemple, accompagne l’émergence et la résolution du complexe d’Œdipe chez la fille et chez le garçon.
Par la suite, Mélanie Klein et, surtout, J. Lacan ont développé une conception dans laquelle l’angoisse se trouve liée à la confrontation avec l’inéluctabilité du désir humain.
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COMPLEXE
(complexé)

Chacun pense d’emblée à un personnage timoré, celui dont on dit qu’il a des « complexes » (infériorité par exemple). Cet usage schématique est assez éloigné de la conception freudienne qui repère le complexe comme étant un ensemble homogène de représentations psychiques plus ou moins conflictuelles et inconscientes. Ce que l’on appelle « le caractère » ou la « personnalité » exprime souvent l’influence des formations complexes, uniques pour chaque personne. Le complexe d’Œdipe est un complexe universel qui conditionne l’accès aux lois humaines, à la culture et aux échanges sociaux. 
En ce sens, son universalité lui confère un statut particulier dans la théorie psychanalytique.

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CULPABILITÉ

Au sens courant c’est le sentiment ressenti lorsqu’on pense avoir commis une faute. Mais il arrive que certaines personnes se sentent coupables sans pouvoir référer cet état à une faute effective. 
Freud reconnaît par exemple dans la névrose obsessionnelle l’existence d’une culpabilité omniprésente dont le sujet cherche à se défendre par le biais d’actes répétitifs dont il ignore le sens réel. Freud renvoie ce sentiment à la constitution dans l’enfance de l’instance psychique du Surmoi qui résulte de l’intériorisation des interdits parentaux.
Toutefois Freud souligne combien le Surmoi peut être bien plus tyrannique que les parents réels
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DÉFOULEMENT
Bien que souvent utilisé dans la référence à la psychanalyse, ce terme ne fait pas partie de son vocabulaire. Il véhicule des idées de libération de la tension « nerveuse », souvent par une prise de distance avec les normes ou l’usage (chahut, sport intensif, fête, fou-rire), voire jusqu’à certaines formes d’agressivité plus ou moins ludique.
C’est parfois un objet ou une personne qui est la cible du « défoulement ». On peut comprendre que ce mécanisme correspond à une décharge directe et brutale de tension trop longtemps accumulée dans le psychisme.
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DÉLIRE

Dans le langage courant, est « délirant » ce qui est extravagant, loufoque, étrange. Le terme est souvent associé à un déferlement d’images et de sensations qui reste énigmatique pour chacun, ou encore à des comportements qui s’écartent de la norme.
En fait, cette acception du délire est une extension d’un concept psychiatrique bien précis qui caractérise les psychoses (schizophrénie : sentiment de dislocation de la réalité du corps ; paranoïa : sentiments de persécution et de grandeur ; mélancolie : sentiment d’annihilation de la personne). Le délire est très souvent associé à des hallucinations sensorielles, visuelles ou auditives.
Freud, dans une étude célèbre consacrée au cas du Président Schreber, a étudié  la structure et la fonction du délire. D’une façon qui peut paraître étonnante, il indique que le délire a une logique propre et qu’il consiste en une tentative de guérison.

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DÉPRESSION

Ce terme est largement utilisé de nos jours (y compris sous la forme de « déprime ») pour désigner diverses altérations de l’humeur pouvant être bénignes ou graves. On qualifiera trop facilement de «déprimé » quelqu’un qui manifeste un découragement, un abattement, un manque de vitalité face à la pression de conditions extérieures particulièrement impérieuses. La tendance existe à l’heure actuelle à identifier stress et dépression.
Freud n’a jamais employé ce terme, bien qu’il ait longuement traité de l’expérience du deuil et de la mélancolie. Aujourd’hui les psychanalystes la conçoivent soit comme le résultat d’une perte interne d’objet d’amour (courant kleinien), soit comme l’impossibilité du sujet à soutenir son désir (courant lacanien).

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FRIGIDITÉ

Le terme désigne l’absence de désir et de satisfaction chez la femme en regard de tout au partie du rapport sexuel. La psychanalyse n’envisage pas la question d’un point de vue biologique, ni seulement sociologique, mais la situe sur le terrain du rapport du sujet à l’objet de son désir. La frigidité comme symptôme, comme d’autres troubles de la fonction sexuelle, exprime l’existence d’une question énigmatique ou conflictuelle pour le sujet concerné au regard de son identité sexuelle et du sens même de son désir.

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HYSTÉRIQUE

Le terme a aujourd’hui un sens péjoratif qui renvoie à l’expression théâtralisée à l’extrême des sentiments, de la sensibilité et de l’imaginaire. Il a également rapport à la notion de « crise », mais aussi à des comportements séducteurs qu’on prétend spécifiques des femmes... (hystérique vient du mot grec désignant l’utérus censé, pour les Grecs, errer dans le corps féminin).
Cette appréhension courante repose sur d’anciennes conceptions psychiatriques auxquelles Freud a donné une compréhension nouvelle, y compris en repérant une structure hystérique chez l’homme (ce que ses confrères d’alors n’ont guère apprécié).
Ce sont toutefois des femmes souffrant de troubles hystériques (constrictions, paralysies, troubles fonctionnels et caractériels, dérèglements de l’humeur, etc...) qui ont permis à Freud d’effectuer ses découvertes inaugurales.

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IMPUISSANCE

Désigne l’impossibilité d’obtenir ou de maintenir une érection au moment d’un acte sexuel apparemment désiré (le « fiasco » stendhalien). La psychanalyse n’envisage pas la question d’un point de vue biologique mais la situe sur le terrain du rapport du sujet à l’objet de son désir. L’impuissance comme symptôme relève pour Freud d’une parade contre l’angoisse de castration. Le rapport sexuel, pour des raisons qui tiennent aux conflits inconscients du sujet, apparaît comme interdit ou menaçant en ce qu’il renvoie au désir œdipien.

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INCONSCIENT

Le langage courant est très imprécis sur l’usage de ce terme. 
Tantôt il désigne ce qui échappe à la raison (imprudence, manque de discernement), tantôt il fait référence aux « forces » cachées du subconscient ou à quelques mystères du tréfonds de l’âme. Freud est le premier à supposer que pour chacun, l’inconscient est le lieu de pensées refoulées et qu’il est structuré. En ce sens, dans une première approche, il l’opposait à la conscience. 
Par la suite, il va être amené à définir une composante inconsciente pour tous les secteurs de la vie psychique et de relation. Loin d’être une instance pathologique, l’inconscient est constitutif de la psyché humaine. Pour J. Lacan, la théorie de l’inconscient constitue l’hypothèse fondatrice de la psychanalyse : l’inconscient est structuré comme un langage.

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MASO (masochisme-te)

Classiquement, désigne celui qui trouve une jouissance sexuelle dans la souffrance physique ou l’humiliation (une illustration nous en est donnée dans le célèbre roman de Sacher Masoch : La Vénus à la fourrure).
Dans le langage courant le terme est plutôt généralisé et désexualisé, et désigne un plaisir, non reconnu comme tel, trouvé dans des situations de douleur physiques ou morales, d’échecs répétitifs complaisamment entretenus. Freud en fait d’emblée un exemple de la perversion sexuelle qu’il considère comme l’envers du sadisme. 
À partir de son célèbre article « Un enfant est battu »,.Freud situe le masochisme comme un point central de l’élaboration du fantasme. Pour Lacan, le masochiste vise à provoquer, par l’offre insoutenable qui est la sienne, l’angoisse de l’Autre. C’est du reste ce qui peut amener le partenaire « sadique » à capituler, ce qui dévoile l’asymétrie des deux positions.

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NÉVROSÉ

Le "névrosé" est souvent perçu comme une personne porteuse d'une perturbation affective qui handicape ses relations à autrui, voire sa vie sentimentale et/ou sexuelle, et qui ne peut pas exprimer ses sentiments autrement que par des manifestations détournées, ambiguës.
Dans le langage courant ce terme a une connotation péjorative qui appelle des évaluations moralisatrices : le névrosé doit faire des efforts, ne pas se laisser aller à ses mauvais penchants, s'adapter à la "réalité" de ses obligations, etc...
Freud, le premier, a perçu sous le caractère névrotique l'existence d'un conflit inconscient lié à la sexualité infantile, là où d'autres évoquaient des causalités dégénératives ou un manque de rigueur morale. Freud met en évidence que le conflit inconscient est lié à l'angoisse de castration et à une fixation œdipienne.
Les symptômes névrotiques sont l'expression symbolique de questionnements et de solutions provisoires trouvées par le sujet au regard de la sexualité et de son destin propre. La structure névrotique se réalise sous trois formes typiques : hystérie, phobie, obsession.

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OBSESSION

Désigne une idée fixe dont l’obsédé est victime. La valeur péjorative de l’expression est sexuellement connotée et renvoie même à une dimension criminelle : l’obsédé commettrait des actes répréhensibles, des crimes contre sa volonté.
La psychanalyse met en évidence une autre dimension : celle d’un contrôle sans fin, ni raison, qui impose au sujet une restriction intense de son mode de vie. 
L’aspect le plus apparent est celui des compulsions obsessionnelles qui sont des défenses contre des idées obsédantes qui « assiègent » le sujet contre sa volonté.
Freud voit là une forme violente du retour du refoulé dont le sujet ne peut saisir le sens, ce qui accroît sa détresse.

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ŒDIPE

Désigne l’attachement amoureux de l’enfant au parent du sexe opposé.
L’acception populaire limite ce sentiment à des manifestations de tendresse (recherches de « câlins ») ou des déclarations explicites : « je veux me marier avec toi !... ». Freud s’attache bien plus au versant inconscient de cet amour qui persiste durant la vie adulte après avoir structuré l’accès à l’identité sexuelle et introduit le sujet à la société. 
La vie amoureuse en porte la marque dans le choix d’objet d’amour qui se structure définitivement à la puberté. De plus, la psychanalyse met en évidence la composition complexe de ce phénomène articulé à l’interdit universel de l’inceste. 
Une profonde ambivalence (amour et haine) est en effet repérable : le garçon aime aussi son rival (le père), la fille reste profondément attachée à la mère qu’elle souhaite cependant supplanter aux yeux du père dont elle désire un enfant imaginaire.
Lacan insistera sur la dissymétrie de la position féminine et masculine à l’issue de ce processus.

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PARANO

Désigne couramment le caractère d’une personne qui se dit persécutée, en bute à l’hostilité d’autrui, voire du destin. Elle revendique la « justice », la reconnaissance de ses droits et mérites, manifeste une tendance à « refaire le monde » selon ses exigences.
Freud développe une conception psychanalytique de la psychose paranoïaque à partir de récit autobiographique du célèbre « Président Schreber » (juriste de Dresde, ayant vécu au XIXe siècle) atteint de cette affection. Le délire de persécution apparaît comme une construction défensive destinée à épargner au malade le sentiment d’anéantissement du monde. Le malade se réfugie dans une réalité hallucinatoire centrée autour d’une figure persécutive souvent empruntée à la religion ou à l’histoire. Des sentiments mégalomaniaques accompagnent généralement ce phénomène : le paranoïaque se veut promu à une destinée exceptionnelle, grandiose (sauveur du monde, révélateur de secrets divins ou d’état, élu de Dieu).
La paranoïa, comme les autres psychoses (schizophrénie et mélancolie) s’érige à partir de mécanismes spécifiques où, à la différence de la névrose, le refoulement n’est pas le pivot central. Jacques Lacan a mis en évidence dans les psychoses la non-inscription dans le champ symbolique de la fonction paternelle (forclusion du signifiant du Nom-du-père).

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PERVERSION

Le sens courant privilégie chez le pervers le caractère « vicieux ». 
Si cette disposition s’actualise dans le champ sexuel, elle peut tout aussi bien se manifester dans les relations humaines, basées alors sur la méchanceté, l’usage de la mauvaise foi dans le but de déstabiliser autrui dans ses valeurs et ses références personnelles. Une jouissance est ainsi recherchée.
Dès le début de son œuvre, Freud met en évidence des composantes perverses chez l’enfant : « l’enfant est un pervers polymorphe ». Cette formule — qui peut paraître surprenante — concerne la vie pulsionnelle, la jouissance inconditionnelle du corps liée à des zones érogènes. La structuration œdipienne vient apporter un cadre à cet appétit de jouissance, en autorisant l’accès au désir, mais le fantasme humain reste à jamais articulé à des représentations perverses, le plus souvent vouées à des réalisations imaginaires. 
Seul le pervers met en acte son fantasme dans des scénarios qui peuvent être fétichistes, sadiques, masochistes ou exhibitionnistes. Pour Freud, cette propriété confère à la perversion la qualité d’une grande organisation psychique à coté de la névrose et de la psychose.

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PHOBIE

Accès d’angoisse lié à la perception de certains objets et situations.
Les phobies les plus connues ont trait à certains animaux (araignées, souris, serpents, insectes), d’autres concernent les lieux (claustro-agora-phobie, vertige), d’autres encore ont trait à la peur de commettre des actes impulsifs (agresser autrui, attenter à sa vie), à la crainte des maladies (microbes, cancer) ou se révèlent dans certaines occurrences sociales (trac, malaise en société ou dans le champs scolaire...).

Freud parvient à dégager les mécanismes de la névrose phobique à partir de l’observation d’un jeune garçon (le " petit Hans ") qui souffre de la crainte d’être mordu par un cheval. Il repère que l’objet de la phobie renvoie à une problématique œdipienne dans laquelle on retrouve une question autour de la sexualité maternelle et de la fonction du père. 
L’agression redoutée dans la phobie est en fait celle que le " petit Hans " développe à l’égard de son père vécu comme rival menaçant (angoisse de castration comme punition d’un désir incestueux). La névrose phobique appartient à la série des trois névroses : hystérie, obsession, phobie que Freud a isolées.

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PSYCHIATRIE

Discipline médicale s’occupant des dits « malades mentaux ». Elle se détache du seul point de vue de la charité à partir du XVIIIe siècle avec l’introduction du point de vue humaniste particulièrement illustré par Pinel libérant les malades de leurs chaînes.

Dans une démarche sous-tendue par le discours de la science, une classification des troubles s’élabore tout au long du XIXe siècle et une recherche étiologique s’en suit, inspirée du modèle pastorien. La découverte de la cause infectieuse (syphilis) de la démence laissait espérer la mise en évidence de causes objectives pour les autres affections psychiatriques qui ne se sont pas concrétisées. Des découvertes biologiques et chimiques (depuis 1950 environ) ont permis la constitution d’hypothèses et de traitements qui ont pour effet de réduire les phénomènes de crises et de détresse, rendant l’hospitalisation plus brève, moins traumatisante et favorisant une certaine réadaptation sociale.
L’introduction de la psychanalyse dans le champ de la psychiatrie a été progressive, quelquefois difficile. Freud a contribué à mettre en évidence les mécanismes psychopathologiques à l’œuvre derrière les grands troubles psychiatriques. Aujourd’hui, on peut dire que la psychanalyse a changé radicalement le statut du « fou ». Il devient un sujet singulier, porteur d’une histoire qui le détermine et par rapport à laquelle ses troubles font sens. La pratique d’entretiens médicaux, psychologiques ou infirmiers témoigne de cette nouvelle appréhension mais ne constitue pas pour autant un travail assimilable à celui d’une cure analytique. 
La psychiatrie de nos jours se veut pluridisciplinaire, associant dans des proportions variables des dimensions biologiques, médicales, sociologiques, psychanalytiques.

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PSYCHOSE
(psychotique)

La psychose est généralement comprise comme le trouble psychique le plus grave, le plus durable. Le psychotique est vu comme « Le » fou.
Certaines représentations sociales mettent en avant un dérèglement du raisonnement (délire) et de la conduite (actes impulsifs, violents contre soi ou autrui) laissant à penser que le psychotique est incapable de vivre en dehors d’un univers protégé (asile). On classe habituellement les psychoses en trois groupes : la schizophrénie (perte d’identité, angoisse de morcellement du corps, hallucinations), la paranoïa (délire de persécution et de mégalomanie), la mélancolie (sentiment profond d’indignité personnelle, retrait de l’intérêt pour les relations à autrui, volonté de se détruire). 
La médecine dispose de traitements médicamenteux (neuroleptiques et antidépresseurs) qui atténuent les manifestations symptomatiques des psychoses et favorisent une participation relative des malades à la vie sociale. La psychanalyse s’intéresse moins aux manifestations spectaculaires de la maladie qu’à ce qui l’organise comme structure possible du psychisme humain. La première étude psychanalytique de la psychose est celle du cas du « Président Schreber » où Freud repère chez le malade une véritable organisation inconsciente qui se déploie systématiquement à partir de propositions logiques erronées. Le malade se protège par là d’une angoisse extrême en rapport avec une impression de dissolution du monde. 
Les psychoses — conçues par Freud comme incurables par la psychanalyse — sont à l’heure actuelle envisagées comme pouvant tirer bénéfice de l’intervention de l’analyste. Les apports théoriques de J. Lacan ont particulièrement contribué à ce renouvellement de perspective.

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REFOULEMENT

Terme technique de la psychanalyse, peu utilisé en tant que tel dans le discours courant, mais que l'on associe généralement à celle-ci.
Freud fait du refoulement l'étiologie principale des névroses. Le refoulement est un mécanisme inconscient par lequel le sujet repousse hors du champ de la conscience des motions pulsionnelles, souvent en rapport avec la sexualité, vécues comme intolérables par rapport à l'idée que la personne se fait d'elle-même. Les pensées refoulées sont soumises aux lois de l'inconscient et tendent en permanence à faire un retour dans le champ de la conscience sous une forme déguisée ou détournée. 
Le rêve, l'acte manqué, le lapsus et le symptôme témoignent, selon leur structure propre, de ce mécanisme de retour du refoulé. Freud met en évidence l'existence d'un refoulement originaire, prototype de tout refoulement à venir, noyau attractif inaugural du refoulement proprement dit des représentations liées aux pulsions ultérieurement insupportables.

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RÊVE

Chacun se trouve, un jour où l'autre interpellé par le souci de comprendre ses rêves.
De nombreuses clefs des songes, depuis les temps les plus anciens, promettent de donner, image après image, symbole après symbole, la signification des rêves, souvent conçus comme prémonitoires.
Freud découvre que le rêve n'est pas une suite d'éléments codés, mais a plutôt la structure d'un rébus singulier, propre à chaque rêveur. Il en fait " la voie royale d'exploration de l'inconscient ". Derrière les fantasmagories du rêve, Freud repère l'existence de mécanismes inconscients rigoureux (spécialement : condensation et déplacement) qui traitent un désir inconscient cherchant à se manifester en images à la faveur du sommeil. 
Le rêve est le gardien du sommeil en même temps qu'il est une réalisation hallucinatoire du désir inconscient. L'interprétation suppose les associations libres du rêveur de façon à ce qu'émerge la nature des associations qui existent entre les images du rêve.

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SADIQUE

Désigne ordinairement celui qui trouve du plaisir à faire souffrir autrui. Chacun connaît l'origine du terme en relation avec les écrits du célèbre Marquis de Sade où la jouissance sexuelle est associée à la souffrance de l'autre.
L'usage affaibli du terme s'applique à des relations malveillantes d'oppression, de domination, avec le désir d'humilier, de provoquer la souffrance de l'autre. Freud découvre que le sadisme est  inscrit dans la nature même de la pulsion sexuelle ; il évolue en subsistant, transformé quant au but et au moyen, comme une des composantes normales de la sexualité. Le lien entre douleur et excitation sexuelle, dans un premier temps, apparaît dans le masochisme. Le sadisme, quant à lui, résulte d'un retournement identificatoire : le sadique trouve sa jouissance à s'identifier à la victime.
Si la jouissance n'est obtenue que sur ce mode, on entre dans le cadre de la perversion sexuelle.

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SEXUALITÉ

La sexualité apparaît avec l’évolution du vivant. L’homme n’y échappe pas.
Toutes les civilisations humaines ont toujours associé à cette fonction naturelle un ensemble de valeurs symboliques, de règles, de critères esthétiques. Freud met en évidence avec acuité que la fonction sexuelle chez l’homme se constitue et s’exerce en termes de symboles acquis dans la relation la plus précoce. Le désir de chaque sujet est moins gouverné par la physiologie de la reproduction que par son inscription dans un champ culturel.
On voit donc que chez l’homme on aurait peine à trouver la belle univocité instinctuelle du monde animal. C’est ce que Freud a particulièrement mis en évidence dans son texte : « les trois essais sur la théorie de la sexualité ».

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TIMIDITÉ

Terme largement utilisé dans les références psychologiques communes pour désigner l'inhibition.Le sujet ne peut s'autoriser à entrer en relation, à s'exprimer, à manifester son savoir ou son opinion dans un contexte social où cela est sollicité.

Freud découvre que l'inhibition est un mécanisme psychique qu'il différencie de l'angoisse et du symptôme. Dans l'inhibition grave, le sujet s'interdit toute forme de réalisation de satisfaction pulsionnelle (particulièrement de nature agressive) qui l'effraie comme si le refoulement n'était pas suffisamment solide pour résister à la pression des pensées inconscientes.Une part normale d'inhibition permet par contre d’orienter des éléments pulsionnels redoutés vers des objets sociaux et culturels valorisés, ce qu'autorise le mécanisme de la sublimation.

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TRANSFERT

Dans l'acception courante, "faire un transfert", c'est se trouver saisi de manière énigmatique par un intense investissement affectif (soit amour, soit haine) pour une personne dont l'élection comme objet de passion surprend. On se plaît à y voir, habituellement, la marque d'une répétition de dépendance infantile non maîtrisée aux parents.

Freud voit dans le transfert le moteur essentiel de la cure analytique : la psychanalyse est une clinique sous transfert. L'analysant s'engage dans les difficultés du travail analytique porté par le courant d'amour transférentiel qu'il voue à l'analyste supposé savoir "quelque chose" sur les raisons de ses symptômes.
Mais d'un autre coté, le transfert apparaît comme un obstacle majeur au développement de la cure dans la mesure où il vient alimenter les résistances du sujet à l'émergence de la vérité qui cherche à se dire derrière le symptôme. Un effet de cet amour de transfert est de conduire l'analysant à entretenir une relation de dépendance affective qui vient faire barrage à la levée du refoulement.

Dans la vie sociale et institutionnelle, les manifestations de transfert sont multiples : dans le meilleur des cas ignorées, et dans le pire, délibérément utilisées en vue de manipulations d'autrui.

Seule la psychanalyse relève la juste place du transfert et s'appuie sur ses enjeux et paradoxes pour permettre au sujet l'accès à sa propre vérité. La liquidation du transfert à point nommé reste un enjeu crucial de la cure.

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Conscience

La philosophie classique assimile conscience, raison et psychisme humain. La logique discursive en est la plus haute expression.
Le rêve, l’imaginaire, les illusions perceptives, les errements de la conduite ou des sentiments apparaissent au philosophe comme des échecs de la raison ou des fautes morales.La découverte freudienne propose que le psychisme humain ne se réduit pas à la conscience. 
L’inconscient est une autre rationalité (processus primaires) qui définit une « autre scène » : la conscience en connaît les effets et manifestations (symptômes), mais ne peut le réduire ou seulement l’ignorer.


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Éthique

Classiquement entendue par les philosophes comme une réflexion sur l’essence de la morale, elle tend à définir la nature du Bien.
Quel sens éthique pouvons-nous donner aux découvertes freudiennes ?L’hypothèse de l’inconscient n’exclut pas quand même que l’homme soit responsable de ses actes.Freud souligne que le « Moi » est l’instance qui régit les rapports de l’homme à ses pulsions, à ses idéaux et interdits, à ses obligations sociales.
Freud souligne également que les plus belles réalisations de la culture et de l’art résultent d’une sublimation des forces de l’inconscient.J. Lacan promeut une éthique du « Bien-dire » selon laquelle l’Homme ne doit pas céder sur son détir et a pour tâche de se positionner comme sujet à cet égard.

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Destin

Maître des dieux eux-mêmes, le Destin est progressivement apparu au philosophe comme la part nécessaire d’aléatoire contre laquelle il serait vain de se révolter, puis comme l’échec de la volonté ou du savoir et, enfin, la faillite coupable de l’engagement du sujet dans l’histoire.
La psychanalyse reconnaît dans la « névrose de destinée » l’effet destructeur de l’opposition chez l’homme du désir et de la volonté.
Freud y voit l’expression de la culpabilité inconsciente liée à la crise œdipienne.

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Être

L’Être, conçu comme ‘essence’ par la philosophie classique a été aussi compris comme « conscience d’être ». Avec Heidegger, l’existence humaine ne se conçoit que dans un rapport à l’autre, à du non-soi.
L’inconscient freudien décomplète l’Être de manière radicale.La théorie structuraliste de J. Lacan montre que l’Être ne s’identifie jamais à ce par quoi il se représente.Le sujet de l’inconscient vient en quelque sorte se substituer à l’Être classique infiniment fuyant derrière des représentations substitutives. S’inaugure ici la catégorie du « manque-à-être » dont l’existence du désir témoigne.

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Inconscient

Le philosophe ne reconnaît l’inconscient que comme défaut de la conscience, résultat de la négligence, de la paresse ou du dérèglement (ivresse, état confusionnel...). De ce point de vue, l’Homme se définit comme celui qui fait reculer les limites de l’inconscient.
Freud dote l’inconscient d’une consistance toute autre.C’est une instance psychique normale chez l’homme. Elle précède même l’existence de la conscience. L’inconscient n’est pas amorphe et inerte : animé par une logique (processus primaires) autre que celle de la conscience, l’inconscient élabore un discours et produit des manifestations perceptibles par la conscience (processus secondaires).
Le rêve, les actes manqués et le symptôme en sont les expressions les plus connues.


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Langage

Conçu dans la tradition comme le système de signes par quoi la pensée de l’homme s’exprime, le langage relève pour les linguistes d’un double découpage : du son, d’une part, du sens de l’autre.
Sur ce critère on différencie maintenant le langage humain des systèmes de communication animaux. Freud a d’emblée repéré que les formations de l’inconscient relevaient de jeux de langage (formes rhétoriques, rébus, renversement grammaticaux et logiques, connexions sémantiques, etc...).
L’interprétation se justifie de cette référence au langage.J. Lacan, à partir des travaux des linguistes structuraliste, met en évidence que « l’inconscient est structuré comme un langage ». Il insiste sur la valeur paradigmatique des tropes tels que la métaphore et la métonymie. Les formations de l’inconscient (rêves, symptômes, etc...) sont des montages langagiers relevant le gant de l’énigme de la pulsion.

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Liberté

L’idée que l’inconscient détermine — ne serait-ce qu’en partie — les décisions des hommes est pour le philosophe une difficulté importante. Sartre, par exemple, au nom de la liberté n’a pas accepté l’hypothèse de l’inconscient.
La psychanalyse, cependant, ne propose pas que si les hommes ne sont pas totalement libres, ils seraient pour autant irresponsables.
Ils sont comptables de leur inconscient. J. Lacan promeut une éthique du « bien-dire ».

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Savoir et vérité

Pour le philosophe, le savoir est au service de la vérité, tant pour sa recherche que pour son expression.L’existence d’un savoir inconscient apparaît comme paradoxale. Cependant, la clinique freudienne des névroses met en évidence un savoir inconscient tout à la fois dissimulé et tendant à se faire reconnaître (refoulement, retour du refoulé et levée du refoulement).
La cure analytique s’opère au nom de la vérité : il existe un savoir inconscient ! A contrario, on peut dire que l’accumulation des savoirs conscients opère comme défense contre l’émergence de la vérité qui ne peut jamais être appréhendée dans son intégralité.

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Sujet

Agent de l’action, de la connaissance, le sujet apparaît étymologiquement dans une référence grammaticale. Il s’oppose à l’attribut, à l’objet. Chez Freud, le ‘Moi ’ et le désir inconscient font effet de sujet au regard des investissements d’objets (objets successifs de la pulsion sexuelle).
Lacan définit le sujet à partir d’une déduction logique comme ‘sujet divisé’. Dépendant d’une prise originelle dans l’ordre du langage, le sujet se trouve divisé de n’être que « représenté par un signifiant pour un autre signifiant ».

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Culture

Quelques soient les formes de civilisations humaines qui se sont succédées depuis l’aube des temps, les hommes se sont dotés de représentations, de valeurs et de règles.Freud, sur la foi des travaux de l’ethnologie de son époque, a dégagé les fondements symboliques de toute collectivité humaine.
Dans son ouvrage « Totem et tabou », il dégage l’importance universelle de l’interdit de l’inceste qu’il met en rapport avec les conséquences d’un meurtre inaugural du père. Les différents formes de religions y sont directement articulées.


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