Psychanalyse: mode d'emploi
Ecoles psychanalytiques
L'argent dans la cure

 

Psychanalyse en extension
Pédagogie-Education 

 

Écoles et institutions de psychanalyse
Les psychanalystes se réfèrent essentiellement à l'une ou l'autre des deux associations internationales que sont :
  • l'Association Internationale de Psychanalyse (I.P.A.), crée à l'origine par Freud en 1910.
  • l'Association Mondiale de Psychanalyse (A.M.P.), d'apparition récente (1992), d'obédience lacanienne.
Mais en France, comme ailleurs, il est difficile de rendre compte de la situation des groupes psychanalytiques dans la mesure où de nombreuses scissions ont entraîné une véritable atomisation des groupes ou des écoles.En France, deux écoles majeures sont reconnues par l'I.P.A. :
  • l'Association Psychanalytique de France  (APF)
  • la Société Psychanalytique de Paris   (SPP).
Dans le sillage lacanien, on répertorie également deux écoles majeures :
  • l'Ecole de la Cause Freudienne, dirigée par J.A.Miller (gendre de Lacan)
  • l'Organisation Psychanalytique de Langue Française, ou quatrième groupe
Notons enfin que de nombreux psychanalystes ne "s'autorisent que d'eux-mêmes", pour reprendre l'aphorisme de J. Lacan, et ne font pas partie d'une association.
 
Quatre grands courants prévalent de par le monde :
  • le courant américain, très fortement marqué par la psychologie du Moi et le culturalisme.
  • le courant kleinien, issu des conceptualisations de Mélanie Klein, qui étend sa sphère surtout dans les pays anglo-saxons
  • le lacanisme, dont on constate la progression très nette ces dernières années. Son implantation est essentiellement européenne et sud-américaine
  • le jungisme, particulièrement prisé dans les pays de langue allemande
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L'argent dans la cure
La question est souvent posée de la place qu'occupe le paiement  dans le traitement psychanalytique. On entend dire que le coût en est généralement élevé, ce qui aurait un caractère discriminatoire et favoriserait l'accès à l'analyse des milieux aisés.

En fait, le paiement demandé est généralement en rapport avec les possibilités financières de chacun. Son montant fait l'objet d'un contrat, discuté au début de la cure. Toutefois, il est vrai que le coût d'une analyse, relatif suivant les personnes, est généralement de nature à entraîner un remaniement du système de consommation retenu jusqu'à présent par celles-ci. Le coût ne doit pas plus être négligeable qu'il ne doit être inaccessible : il doit juste correspondre au niveau qui dérange le patient dans ses habitudes, sans pour autant le conduire à une perte financière insupportable. D'autres justifications du paiement ont été données :

  • il faut payer pour prendre son analyse au sérieux
  • il faut rétribuer l'analyste pour ne pas avoir à "le payer" plus tard. Dans ce cas, l'argent intervient comme un tiers en mesure de "liquider" la dette ressentie par le patient à l'égard de son analyste
  • l'argent donné est un équivalent symbolique du sacrifice de la jouissance. Le plaisir pulsionnel qui aurait pu être pris avec cet argent dépensé dans un système de consommation se trouve différé, ce qui favorise le travail de verbalisation.
D'autre part, il faut penser que l'analyste a tout simplement besoin de vivre de son travail, et qu'il doit être rémunéré suivant la qualification qu'il a pu acquérir.
Précisons qu'il est possible d'effectuer une analyse avec un médecin psychiatre qui propose un remboursement de ses actes auprès de la Sécurité Sociale. Toutefois, beaucoup d'entre eux demandent aux patients un complément de paiement personnel.

L'éventail des tarifs est très large, de quelques capsules de bouteille pour les enfants, jusqu'à 300

ou 400F par séance pour un adulte (en moyenne). Le prétexte de l'argent est souvent un point de résistance à l'entrée ou à la poursuite de
l'analyse. Freud notait que d'importants facteurs sexuels jouent leur rôle dans l'appréciation de l'argent, et que l'on voyait les gens traiter de la même façon les questions d'argent et les faits sexuels, avec la même duplicité, la même pruderie et la même hypocrisie. Pour lui, les frais occasionnés par une analyse ne sont qu'en apparence excessifs : " Sans même parler du fait que la santé, la faculté d'agir, d'une part, et une dépense raisonnable, d'autre part, ne sont pas des grandeurs comparables, on peut dire en voyant ce que les malades dépensent sans fin dans les maisons de santé et pour les traitements médicaux, qu'en se soumettant à une psychanalyse couronnée de succès, ils font une bonne affaire."(1)

(1) S. Freud, La technique psychanalytique, PUF, p. 92

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Psychanalyse et Psychothérapie
S'il n'y a pas "l'or de la psychanalyse et le plomb de la psychothérapie", comme se plaisait à le faire remarquer Freud, force est de constater que ces méthodes s'opposent sur plus d'un point.

Freud explique qu'on retrouve la même différence entre les gestes du sculpteur et du peintre qu'entre la technique psychanalytique et la méthode de la psychothérapie. C'est que dans le premier cas, il est question d'ôter quelque chose, de libérer la pensée refoulée qui se voit jusque là interdite de traduction dans le conscient, alors que dans le second, on rajoute plutôt une pellicule défensive destinée à renforcer harmonieusement le Moi et la personnalité.

Les psychothérapies s'attachent très souvent, en effet, à l'image de soi. Il s'agit de restituer au Moi ses fonctions de synthèse et de maîtrise. Il existe toujours dans ce cas un certain assujettissement à un thérapeute vécu comme celui qui dit ce qu'il faut faire et qui applique concrètement une technique toujours identique. Par ailleurs, il n'est pas possible de faire abstraction d'une forme de relation hypnotique entre le thérapeute et le patient, il existe toujours une forme implicite de suggestion.

La psychanalyse, de son côté, n'est pas uniquement une psychothérapie. Elle ne vise d'ailleurs pas le recouvrement d'un état de santé antérieur, supposé perdu après le déclenchement de tel ou tel trouble. Si guérison il y a, elle intervient toujours de surcroît. La psychanalyse opère sur le désir, ses vicissitudes, ses blocages. L'analyste est en position de sujet-supposé-savoir, mais il n'a justement pas à faire usage de son savoir. Il s'aménage une position à partir de laquelle le patient va pouvoir accéder à sa vérité.
En tout état de cause, on ne "guérit" pas de son inconscient, mais l’homme peut en prendre la mesure quant à ce qui le détermine.

 

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La cure
Une cure analytique ne démarre jamais à partir de la simple demande du patient. L'analyste, au cours d'entretiens préliminaires, approfondit le sens de la demande et évalue l'opportunité d'une psychanalyse. Les analystes lacaniens, de leur côté, effectuent également à ce stade un repérage de la structure du sujet, qui conditionne l'adoption d'une direction spécifique de cure.

La durée de cette phase est variable. Après clarification de la démarche, le patient peut l'interrompre et trouver ailleurs une aide adaptée, ou commencer la cure proprement dite. L'entrée dans le dispositif de la cure est aussi corrélée à un certain exercice de la méthode de l'"association libre".

La cure proprement dite trouve ses limites dans un triple cadre : financier, temporel et spatial. S'il est généralement d'usage de ne pas faire payer pour une première rencontre, le montant de chaque séance est défini pour la suite par l'analyste, qui tient compte des possibilités financières de son patient. Le rythme des séances se trouve globalement fixé (grande variabilité en fonction des écoles et des moments de la cure : de une à cinq séances par semaine), l'analyste se réserve quelquefois le droit de rencontrer son patient en séance supplémentaire.

Enfin, l'analyste propose généralement que le patient s'allonge sur le divan, mais rien n'interdit de faire une analyse assis sur un fauteuil... La durée de la cure est elle-même variable : souvent plusieurs années. Le patient garde, bien entendu, le droit d'arrêter lorsqu'il le souhaite. Toutefois il existe inévitablement des moments critiques dans une cure et tout analyste veille à ce que l'arrêt demandé ne consiste pas en une rupture qui pourrait être grosse de conséquences pour le sujet dans la position qui est la sienne à ce moment là.

Il existe cependant une succession de strates d'élaboration  au cours d'une analyse. Certains analysants décident d'interrompre la cure dès la disparition ou l'atténuation de leurs troubles (rappelons pourtant que la psychanalyse n'a pas pour but premier le soin des symptômes), d'autres vont plus loin et parviennent jusqu'au moment logique de la chute des identifications ainsi qu'au repérage de leur mode fantasmatique de pensée, d'autres enfin parviennent à une véritable "traversée du fantasme", c’est-à-dire à une nouvelle appréhension de l’objet central du désir.

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Pédagogie -Education
La psychanalyse, dans les premiers temps de son développement, a porté des critiques très dures contre la morale sexuelle civilisée. Si, en effet, c’est l’attitude morale à l’égard de la sexualité qui est responsable des névroses, l’éducation qui véhicule cette morale se trouve en devenir l’agent direct de propagation. Ainsi, la prévention des névroses serait aux mains de l’éducateur, lequel pourrait bénéficier de l’influence de l’enseignement de la psychanalyse (1).

Freud pourtant retira rapidement ses espoirs en une telle fonction prophylactique de l’éducation. Plus généralement, il posa la question de la conciliation envisageable entre les exigences égoïstes de l’individu et celles du renoncement imposé par la civilisation. Autrement dit, la question était de savoir comment concilier le développement de l’enfant vers la civilisation avec le maintien de ses capacités de bonheur.

Au fond, la tâche de l’éducateur consiste à trouver le juste équilibre entre “le Charybde du laisser-faire et le Scylla de l’interdiction”. Il s’agit donc d’évaluer à chaque fois quel moindre sacrifice de plaisir peut apparaître compatible avec les nécessités de la vie sociale, sachant que le principe de plaisir est soumis au principe de réalité.

Les frustrations majeures s’opèrent dans le domaine de la sexualité, mais Freud fait remarquer qu’une liberté sexuelle illimitée accordée dès la naissance ne conduirait pas à un meilleur résultat. C’est que la satisfaction facile tue le désir, que les obstacles font croître :
“Il faut un obstacle pour faire monter la libido, et là où les résistances naturelles à la satisfaction ne suffisent p
as, les hommes en ont, de tout temps, introduit de conventionnelles pour pouvoir jouir de l’amour”(2).

Cet interdit qui est la condition du désir, ne fait, pour la psychanalyse, qu’un avec celui qui frappe l’inceste. La prohibition de l’inceste trace en effet la ligne de démarcation entre animalité et humanité, et débouche sur la constitution des lois sociales. C’est aussi ce qui fait du désir une dimension spécifiquement humaine.
Non seulement l’interdit ne s’oppose pas au désir, mais celui-ci ne se supporte que de la Loi, c’est à dire d’un système de règles symboliques qui barre définitivement l’accès à une jouissance primordiale.

Dans ces conditions, il apparaît que l’inconscient des éducateurs peut s'avérer  plus déterminant pour le développement de l’enfant que l’action éducative programmée. Une part essentielle du processus éducatif échappe ainsi à la maîtrise des éducateurs, dans la mesure où ils sont régis , jusque dans leur vocation professionnelle, par des motivations inconscientes.

C’est là sans doute ce qui pourrait justifier le voeu de Freud que les éducateurs reçoivent une formation analytique personnelle. C'est aussi ce qui marque la limite de toute contribution de la psychanalyse à l'éducation.

1) voir à ce sujet : Catherine Millot, Freud anti-pédagogue, Navarin, p. 11
2) S. Freud, La vie sexuelle, PUF, p. 63


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Psychanalyse et société
Copernic, Darwin et Freud... Trois hommes dont les œuvres ont contribué à une décentration de l’homme de la position de maîtrise du monde où il voulait se reconnaître.
Freud évoque la révolution « copernicienne » en quoi consiste la découverte d’un inconscient laborieux qui ne cesse de travailler et de penser par delà et en deçà des processus de la conscience.

En rupture avec le siècle des Lumières, nous sommes depuis Freud confrontés à l’idée qu’il n’y a pas de vérité que la raison peut épuiser à elle-seule.
Toutes les institutions humaines portent de la marque de cette part inconsciente qu’elle essayent souvent d’ignorer et qui fait retour sous forme de « symptômes » qui vont jusqu’à ébranler les édifices patiemment construits.

La psychanalyse en révélant les déterminants inconscients des grandes créations de la civilisation et des valeurs autorise une clairvoyance, brise les illusions, mais en même temps dissout les croyances et les confiances ancestrales en la stabilité des piliers symboliques de la civilisation.

L’homme doit aujourd’hui assumer plus librement des choix éthiques alors même qu’il est toujours plus confronté à la difficulté de trouver des repères symboliques dans la civilisation.

L’ouvrage de Freud : Le malaise dans la civilisation traite du caractère inconciliable de la rencontre entre les pulsions humaines et les exigences de la civilisation.
 

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Homme Femme

Freud montre, à partir de son étude des modalités de construction et de résolution du complexe d’Oedipe,  les divergences des trajectoires masculines et féminines. L’harmonie et la complémentarité des sexes ne peut donc pas être envisagée, d’autant qu’il n’existe pour la psychanalyse qu’une seule libido, d’essence masculine, liée à la prévalence du phallus en fonction de quoi chaque sexe se définit.

Il en découle que la rencontre homme - femme est marquée d’un certain impossible, mais celui-ci s’est trouvé masqué pendant des siècles par la puisance des institutions sociales et religieuses (mariage, attributions stricte de rôles dans la société...). Ces repères semblent se trouver ébranlés depuis quelques décennies, ce qui met au jour le caractère toujours raté de la rencontre sexuelle, séparations, divorces, familles monoparentales, revendications de la reconnaissance des diverses "orientations sexuelles" en sont des manifestations contemporaines.

La rencontre entre homme et femme ne relève pas d’une « naturalité », mais est bien le fruit d’institutions sociales qui régulent la perpétuation de l’espèce. Celles-ci fluctuent suivant les époques et les civilisations, donnant lieu tantôt à un à renforcement des liens formels, tantôt à un relachement de ceux-ci.

Il n’en demeure pas moins que ces régulations sociales sont à différencier du désir en jeu dans la sexualité de chacun où l’autre (quelqu’en soit le sexe biologique) a toujours sa place.

 

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