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La littérature à Vienne

Karl Kraus ( 1874-1936)

D'abord acteur, puis poète, traducteur, il devient journaliste et mène d'une plume acérée de fréquentes critiques contre ses confrères. A partir de1898, Kraus s'oppose au sionisme de Herzl, puis il quitte la communauté juive. Il se convertira plus tard au catholicisme. En avril 1899 paraît le premier numéro de la revue "Die Fackel "dont il est le rédacteur en chef. Ce périodique est un vaste forum où la morale et la satire se côtoient sans cesse ; il paraîtra jusqu'en 1936. A partir de 1910, Kraus donne pendant un quart de siècle 700 conférences au cours desquelles il se livre à la lecture de ses propres œuvres, mais aussi de recueils de poésie et œuvres dramatiques diverses. Alors que, dans un premier temps, Kraus défendait l'art expressionniste de Kokoschka, on le voit à partir de 1921 entamer une virulente polémique contre ce courant. Il regroupe certains de ses articles parus dans Die Fackel en des recueils comme " Mortalité et criminalité"(1908), " Dits et contredits" (1909), "Pro domo et mundo" (1912).

Robert Musil (1880-1942)

De formation militaire et technique, il devient ingénieur en 1901. Il reprend par la suite des études de philosophie et de psychologie expérimentale. En 1906, il écrit un roman d'inspiration freudienne : " Les désarrois de l'élève Törless", en fait un des premiers romans expressionnistes. Il poursuit une activité journalistique pendant la première guerre mondiale. Employé ensuite dans divers ministères, il écrit 20 versions d'une pièce de théâtre intitulée " Die Schwärmer". Il s'installe à Berlin en 1931, après avoir publié le premier tome de "L'homme sans qualités", vaste saga du déclin de la monarchie austro-hongroise, mais aussi de l'ordre même du monde. Le second tome parait en 1932, mais le troisième, resté inachevé, sera publié après la mort de l'auteur, en 1943. Musil émigre en Suisse en 1938, où il meurt quelques années plus tard dans le dénuement.
«Devoir attendre sa mort pour pouvoir vivre, voilà un vrai tour de force ontologique...»

Lettre à R. Lejeune 1942
 
 
Stephan Zweig (1881-1942)

Zweig entame très jeune une carrière littéraire protéiforme. Il publie son premier recueil de poèmes à 19 ans. Il écrit ensuite des drames, des nouvelles, des romans. Il traduit Verlaine, Rimbaud et Baudelaire. Il excelle particulièrement dans le portrait psychologique, mais est aussi l'auteur de biographies et de monographies. En 1937, il écrit " Rencontres avec des hommes, des livres et des villes" où il raconte sa passion pour les voyages. En 1938, il écrit " La pitié dangereuse". Après un long séjour à Londres, il se fixe au Brésil en 1941. Mais il est tourmenté par la guerre en Europe, et se suicide avec sa seconde femme. Son autobiographie, "Le monde d'hier", paraît en 1948.
 

" Avant de quitter la vie de ma propre volonté et avec ma lucidité, j'éprouve le besoin de remplir un dernier devoir : adresser de profonds remerciements au Brésil, ce merveilleux pays qui m'a procuré, ainsi qu'à mon travail, un repos si amical et si hospitalier. De jour en jour, j'ai appris à l'aimer davantage et nulle part ailleurs je n'aurais préféré édifier une nouvelle existence, maintenant que le monde de mon langage a disparu pour moi et que ma patrie spirituelle, l'Europe, s'est détruite elle-même.
Mais à soixante ans passés il faudrait avoir des forces particulières pour recommencer sa vie de fond en comble. Et les miennes sont épuisées par les longues années d'errance. Aussi, je pense qu'il vaut mieux mettre fin à temps, et la tête haute, à une existence où le travail intellectuel a toujours été la joie la plus pure et la liberté individuelle le bien suprême de ce monde. 
Je salue tous mes amis. Puissent-ils voir encore l'aurore après la longue nuit ! Moi je suis trop impatient, je pars avant eux
. " 
Stefan Zweig,Pétropolis, 22-2-42
Ludwig Wittgenstein (1889-1951)



Parti d'un intérêt pour l'aéronautique, Ludwig s'oriente rapidement vers la philosophie des mathématiques et de la logique. Conseillé par le grand logicien Frege, il s'inscrit au cours de Bertrand Russell à Cambridge. A son retour de captivité, en 1919, il parachève son ouvrage "Tractatus logico-philosophicus". L'objet en est une réflexion sur les limites logiques du langage, et part de l'idée que la pensée logique se nourrit de propositions élémentaires pour élaborer des propositions générales qui sont en fait des "fonctions de vérité" des premières. Pour lui, un discours signifiant ne peut porter que sur des faits : "Ce dont on ne peut parler, il faut le passer sous silence". Instituteur de campagne de 1919 à 1929, il retourne à Cambridge et y enseigne jusqu'en 1939. Ses notes et manuscrits personnels sont publiés peu à peu depuis sa mort, et révèlent une réflexion plus empirique que dans le Tractatus. On trouve dans les " Recherches philosophiques", publiées en 1953, la production de la notion de "jeu de langage", au travers d'une étude sur le langage naturel.

«Ce qui peut être dit peut être dit clairement; et ce dont on ne peut parler, il faut le passer sous silence.»
In Préface du Tractatus
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