Il faut savoir qu'à l'époque de
Freud, il existe un intérêt général pour l'hypnose. En fait, y
compris à Vienne, existent déjà des essais de thérapie par
cette méthode, même s'ils sont déconseillés par les milieux
médicaux
La première mise en évidence de l'hypnose a été réalisée par
l'anglais Braid, mais rien ne nous empêche de remonter à
Mesmer (portrait ci-contre), au XVIIIe siècle, et à ses
pratiques de baquet magnétique, pour en trouver une forme
thérapeutique d'utilisation. A la fin du siècle dernier, deux
écoles se sont développées en France: l'une à Paris avec
Charcot, l'autre à Nancy avec Liebault et Bernheim.
Charcot, à la Salpetrière, parvient à provoquer et à supprimer
des symptômes hystériques à partir de suggestions hypnotiques.
Freud vient s'initier pendant quelques semaines auprès de lui,
et expérimente ensuite cette méthode avec son collègue Joseph
Breuer. On peut considérer leur ouvrage commun, Les Études
sur l'hystérie, comme le résultat de ces recherches.
Freud constate que les résultats de l'hypnose sont variables
suivant les sujets (il s'estimait lui-même un mauvais
hypnotiseur), mais surtout qu'elle ne permet que de soigner
les effets, et non la maladie. C'est ce qui l'amènera à
délaisser progressivement cette méthode pour préférer celle de
la "libre association" où le patient est invité à parler
librement de ce qui lui vient à l'esprit. Freud revient à
plusieurs reprises dans son œuvre sur la nature de l'hypnose.
On en trouve sans doute l'analyse la plus fulgurante dans son
texte de 1920 "Psychologie collective et analyse du Moi". Il y
précise que de l'état amoureux à l'hypnose, la distance n'est
pas grande. On fait preuve à l'égard de l'hypnotiseur de la
même humilité dans la soumission qu'à l'égard de la personne
aimée. On constate le même renoncement à toute initiative
personnelle. L'hypnotiseur prend la place de cette instance de
l'appareil psychique que Freud note Idéal du Moi.
L'Idéal du Moi est une instance psychique qui règle le rapport
du Moi aux idéaux auxquels le sujet aspire. Le Moi se soumet
donc aux suggestions de l'hypnotiseur, exactement comme il le
fait généralement vis à vis de l'Idéal du Moi.
Le rapport hypnotique consiste en un abandon amoureux total, à
l'exclusion de toute satisfaction sexuelle. De sorte que pour
Freud, il est plus indiqué d'expliquer le rapport amoureux par
l'hypnose que le contraire, les éléments recueillis de
l'hypnose paraissant avoir plus de netteté et de relief.
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