D.W. WINNICOTT  

De la pédiatrie à la psychanalyse

Dès les premiers mois de la vie, l'environnement de l'enfant doit être « suffisamment bon »,  et le rôle de la mère s'avère décisif pour le développement affectif de l'enfant. La relation nourrice-nourrisson est conçue comme fondamentale.

La mère doit exercer une fonction de sécurisation du bébé, notamment par sa façon de le soutenir, appelée « holding ». Le bébé doit pouvoir ressentir l'impression d'un lien continu avec la mère. Les pulsions de l'enfant s'expriment autour d'un stade oral, puis anal, mais il faut attendre le cinquième mois pour qu'il fasse le lien entre nourriture et excrétion. Il devient progressivement capable de supporter le temps qui s'écoule entre ses besoins et leur satisfaction.

à partir d'un an, le jeune enfant parvient à la « personnalisation », caractérisée par la mise en place progressive d'un tonus corporel adapté et de bonnes coordinations motrices. La seconde moitié de la première année est marquée par l'apparition de la « capacité de sollicitude », issue notamment de la peur de perdre la mère par effet de culpabilité. La transition entre l'érotisme oral et la relation avec les objets réels est assurée par la manipulation des objets doux ou moelleux (mouchoirs, peluches,...), qui interviennent aussi comme défense contre l'angoisse dépressive. Ils assurent en fait une transition entre imaginaire entre les objets du corps et la réalité extérieure : pour cela, Winnicott propose de les appeler « objets transitionnels ». D'autres phénomènes (babillement, gazouillis) relèvent de la même fonction et sont appelés « phénomènes transitionnels ». L'enfant crée la réalité extérieure plutôt qu'il ne la trouve.

Il existe une capacité d'illusion qui constitue le soubassement de l'expérience vécue. Par ailleurs, il effectue une distinction entre le vrai self et le faux self. Dans le premier cas, à la suite de soins maternels suffisamment bons, la croissance psycho-corporelle est assurée dans une unité. Le vrai self abrite ce qui est vivant et créateur chez le sujet. Par contre, quand l'unité individu-environnement n'est pas bonne, il y a risque d'empiétement de l'environnement sur la soma-psyché, caractéristique majeure du faux-self.

La guérison suppose le retour à la situation de carence qui est à l'origine du faux-self. Dans ce mouvement, l'enfant en analyse peut retrouver l'espoir d'un dégel d'une situation interne bloquée et la foi en un environnement propice à une adaptation véritable.

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