Melanie KLEIN

Envie, gratitude et autres essais. (1957) Paris. Gallimard, 1968

L'envie – qui n'est pas le désir, au sens freudien – est à concevoir, selon M. Klein, comme une manifestation sadique orale et sadique anale des pulsions destructives à l'œuvre dès le début de la vie. L'auteur adhère au concept freudien de pulsion de mort, et s'attache à soutenir les conceptions pré-oedipiennes de K. Abraham.

M. Klein insiste sur la dimension innée de la relation au sein de la mère. L'objet sein apparaît, d'emblée, clivé en un bon et un mauvais objet. Le bon objet  est constitutif du noyau du Moi, mais l'envie peut venir rendre difficile son élaboration.

La réalité apparaît frustrante pour le nourrisson et les privations – inévitables – vont entraîner le sentiment que le sein garde tout pour lui. L'envie naît de cette perception. Seul l'enfant capable d'amour et de gratitude pourra protéger sa relation au sein contre les sentiments d'envie. La gratitude se trouve liée à la capacité innée d'aimer, mais aussi au sentiment de culpabilité.

Le conflit envie / culpabilité peut avoir des effets paralysants et développer une angoisse vive pendant la position schizo-paranoïde. Lorsque la position dépressive est installée, liée à la possibilité de se représenter la mère comme une totalité et à la crainte subséquente de l'endommager, le Moi devient davantage capable d'assumer la culpabilité.

Il existe une envie et une jalousie œdipienne. Mais l'Œdipe est aussi en mesure de donner lieu à une « perlaboration » de l'envie.

Après l'exposé de quelques cas cliniques, M. Klein décrit l'ensemble des mécanismes de défense contre l'envie : l'idéalisation, la confusion, la fuite vers d'autres objets, la dévalorisation de l'objet, du Moi, la propension à activer l'envie chez autrui, l'acting out pendant la cure, les états de confusion mentale, etc.

En conclusion, l'auteur insiste sur la nécessité d'analyser l'envie, et elle précise que le but de l'analyse est l'intégration de la personnalité. Elle se soutient de la célèbre formule de Freud : Wo es war, soll Ich werden ( Là où c'était, Je dois advenir)


Retour menu des grands textes