Carl Gustav JUNG

Dialectique du Moi et de l'Inconscient (1933)

Dans cet ouvrage synthétique, Jung donne une véritable topographie des strates en jeu dans l'appareil psychique, tel qu'il le conçoit, d'un point de vue désormais très éloigné de celui de Freud.

Il part de la description de la « persona », comme image que le sujet cherche à promouvoir de lui-même dans la société. Le danger est grand de s'identifier à sa persona, et donc de s'aliéner dans un paraître. Pour Jung, l'âme humaine est constituée d'un faisceau de complexes, et le Moi est un de ceux-ci, directement en rapport avec le champ de la conscience. Dans le Moi semblent se trouver tous les contenus de la conscience.

Le titre de l’œuvre suggère que le Moi a à composer avec les complexes inconscients, qui relèvent de deux sources. D'un côté, il existe un inconscient personnel contenant des représentations issues du vécu individuel. Les représentations refoulées freudiennes en font partie, mais aussi toutes les pensées qui n'ont pas eu l'intensité nécessaire pour franchir le seuil de la conscience. Cet inconscient a une nature dynamique et tend sans cesse à grouper les représentations. Mais il existe d'autre part un inconscient collectif que Jung met notamment en lumière par l'analyse des rêves. C'est que la levée des refoulements n'empêche pas l'inconscient de s'exprimer et de travailler autour des rêves et des fantasmes. Ces derniers puisent dans un matériel qui dépasse l'individuel.

Il existe ainsi des archétypes, sortes d'images originelles subsistant comme trace en chacun d'un lointain passé de l'humanité. Ainsi des images de Dieu, du Diable, du sorcier... L'« anima » et l'«animus » sont deux archétypes fondamentaux particulièrement difficiles à atteindre dans l'inconscient. Le premier a trait à la présence du féminin chez l'homme, alors que le second concerne la présence du masculin chez la femme. Ces deux archétypes sont projetés sur des êtres du monde extérieur qui sont dès lors perçus comme déformés par l'imaginaire.

L'individu doit en passer par une individuation qui suppose une libération de l'être par rapport aux déterminations de l'inconscient. Il s'agit de parvenir à une réalisation de soi-même. Mais ce cheminement n'est pas exempt d'embûches. La conquête de l'individualité passe par une différenciation rigoureuse d'avec la psyché collective. Pour ce faire, l'individu, ou le patient, doit s'autoriser à examiner le déroulement des processus inconscients qui émergent sous forme de fantasmes. Il s'agit d'y repérer les liens qui le déterminent et qui le rattachent aux individus chez qui ils sont également inconscients.

Aune fois la « persona » dépassée, apparaît une nouvelle figure collective : celle de la « personnalité mana ». Caractérisée par une force potentielle occulte et magique, celle-ci doit être surmontée pour parvenir à une véritable individuation.

retour au sommaire des grands textes