Jacques LACAN

Écrits,  Éditions du Seuil. Paris. 1966

Lacan fait paraître en 1966 une importante compilation de ses articles et écrits antérieurs. Il lui donne le nom d'Écrits. Le recueil s'ouvre sur le « Séminaire de la Lettre Volée », qui n'est pourtant pas le texte le plus ancien. Lacan l'utilise car le message d'Edgard Poe, dans sa célèbre nouvelle, est homomorphe à sa démarche même, celle de montrer la division du sujet du fait même qu'un objet le traverse.

Les textes présentés balayent trente années du travail de Lacan. Certains sont antérieurs à la tenue de ses séminaires (à partir de 1952), d'autres concomitants. Voici les textes majeurs : 

Le stade du miroir comme formateur de la fonction du Je. C'est une reprise de l'article de Lacan de 1936, exposé au Congrès de Marienbad. Lacan y développe sa théorie de l'Imaginaire.

L'agressivité en psychanalyse. L'agressivité est mise en rapport avec l'identification narcissique. Celle-ci détermine la structure du Moi, et s'avère dépendante de la catégorie de l'espace. 

Le temps logique. à partir du problème de logique dit des trois prisonniers, Lacan met en évidence un sophisme concernant l'intersubjectivité. Trois temps logiques sont dégagés : l'instant de voir, le temps pour comprendre et le moment de conclure. On montre 5 disques à trois prisonniers. Deux sont noirs et trois blancs. On fixe entre les épaules de chacun un de ces disques, sans que ceux-ci puissent en connaître la nature. Chaque prisonnier peut voir le disque des deux autres, mais pas le sien. Aucune communication n'est possible. Dès lors, le directeur de la prison propose de libérer celui qui établira logiquement la nature de son disque.

Fonction et champ de la parole et du langage. Texte fondamental où Lacan met en évidence la nature symbolique des productions de l'inconscient. La relation du langage à la parole est abordée, de même que la différence entre parole pleine et parole vide. La référence à la linguistique est constante. 

L'instance de la lettre dans l'inconscient depuis Freud. La linguistique saussurienne est ici convoquée pour rendre compte de la nature langagière de l'inconscient. Lacan effectue toutefois certaines torsions de la doctrine du grand linguiste suisse. Il affirme la prévalence du signifiant sur le signifié, et dégage certains rapprochements entre les tropes de la rhétorique et les mécanismes de l'inconscient. La métaphore se trouve rapprochée de la condensation et la métonymie du déplacement.

D'une question préliminaire à tout traitement possible de la psychose. C'est le texte d'introduction du concept de « forclusion », mécanisme spécifique de la psychose. La forclusion porte sur un signifiant particulier, le signifiant du Nom-du-Père, dont la fonction est normalement de venir barrer l'accès au désir de la mère. Ce concept (Verwerfung) est différencié de celui de refoulement (Verdrängung), typique de la névrose. 

Kant avec Sade. Lacan trouve chez ces deux auteurs une même exigence éthique. S'en dégagent les particularités du fantasme, et en particulier du fantasme dans la structure perverse. L'objet a (on dit l'objet petit a), cause – et non pas but – du désir, y est situé avec précision.

Subversion du sujet et dialectique du désir (1960). Lacan commente son célèbre graphe du désir qui reprend, dans un continuum orienté par le manque-à-être, les différentes traversées de l'image de l'autre, du désir et de la Jouissance de l'Autre. 

La science et la vérité (1965). Ce texte clôt le recueil. Lacan présente le sujet de la science comme forclos, et différencie le discours scientifique du discours magique et du discours religieux.


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