Sigmund FREUD 

Les cinq psychanalyses PUF 1954

Freud présente cinq cas cliniques qui valent tant par la richesse de leur contenu que par l'élaboration théorique qu'ils autorisent pour la psychanalyse. 

Fragment d'une analyse d'hystérie (Dora) 

Freud reçoit en 1899 une jeune fille de 18 ans affectée de divers troubles somatiques. Une toux intense s'était notamment installée, et revenait par crises avec une période d'aphonie.

Dora expose ses relations affectives complexes avec un couple d'amis de son père, M. et Mme K. Si son père s'intéresse à Mme K, Dora se trouve courtisée depuis de nombreuses années par M. K. Alors qu'elle avait quatorze ans, celui-ci l'avait attirée dans un piège et embrassée. Des troubles étaient alors apparus : dégoût, sensation de pression sur le corps, etc.

Freud rapporte ces derniers symptômes au baiser lui-même et à la sensation du membre de l'homme sur le corps de Dora. La toux nerveuse se trouve elle-même référée à un fantasme de fellation. Ce sont donc les modalités d'accès à la sexualité génitale qui sont ici en cause, et sur lesquelles porte le refoulement. Freud lie ces difficultés aux vicissitudes du complexe d'Œdipe de sa patiente et insiste particulièrement sur l'identification masculine dans un choix d'objet féminin. Ce texte consiste en une véritable clé d'accès à la compréhension de la névrose hystérique.


Analyse d'une phobie chez un petit garçon de cinq ans (Le petit Hans).

Cas unique dans la clinique freudienne, le patient se trouve être un enfant qui, de plus, n'est pas rencontré directement par Freud. L'essentiel de l'élucidation de la problématique s'opère au cours d'entretiens avec le père de l'enfant.

Hans est affecté d'une phobie des chevaux : il craint d'être mordu par eux. L'analyse fait apparaître l'existence de motions agressives à l'endroit du père, qui sont secondairement retournées sur le petit Hans à partir du symbole paternel qu'est le cheval. Par ailleurs, Freud met en lumière le rôle de la croyance de l'enfant dans l'existence d'un pénis maternel, ce qui s'avère être une étape cruciale dans le développement général de l'Œdipe.

Remarques sur un cas de névrose obsessionnelle (L'Homme aux Rats).

Freud reçoit un jeune homme, de formation universitaire, qui souffre d'« appréhensions ». Il craint qu'il n'arrive quelque chose à deux personnes qui lui sont très chères : son père et une dame aimée. Il souffre de certaines impulsions, telle que vouloir se trancher la gorge avec un rasoir.

Le malade apporte très vite le contenu d'un récit particulièrement cruel entendu récemment dans la bouche d'un militaire. Il s'agit d'un supplice dans lequel on fait pénétrer de force un rat dans le corps d'un condamné par l'anus. Le malade se montre extrêmement angoissé par cette évocation, mais en même temps semble ressentir « une jouissance par lui-même ignorée ». D'autres données ont trait à l'impossibilité de s'acquitter d'une dette. L'angoisse surgit au fur et à mesure de la montée des obstacles au règlement d'une dette qui est pourtant souhaité. Freud décrit magistralement la nature du doute obsessionnel, qui transparaît dans les obsessions et les compulsions. L'analyse associative à partir du récit du supplice met en lumière l'agressivité anale du patient.


Remarques psychanalytiques sur l'autobiographie d'un cas de paranoïa (Le Président Schreber).

Freud a connaissance de l'ouvrage de D.P. Schreber, « Mémoires d'un névropathe » paru en 1903, dans lequel celui-ci décrit les manifestations de sa propre psychose.

Président de la Cour d'Appel de Dresde, Schreber sombre progressivement dans un système délirant, dans lequel il est investi d'un mission de sauvegarde monde. Relié à Dieu par les « nerfs de la volupté », il décrit sa transformation progressive en femme. Freud insiste sur la nécessité dans laquelle se trouve le malade de produire une fiction délirante comme tentative de guérison, face à la menace d'anéantissement du monde.

Freud défend encore une conception selon laquelle une homosexualité refoulée est agissante dans la paranoïa, diagnostic qu'il met en avant pour Schreber. Il met en évidence une véritable grammaire des délires à partir d'une combinatoire de relations entre l'aimant, l'aimé, celui qui hait et celui qui est haï. 


Extrait de l'histoire d'une névrose infantile (L'Homme aux loups).

Freud reçoit un jeune homme de 18 ans qui connaît de graves problèmes de santé le rendant dépendant de son entourage et inadapté à la vie sociale. L'analyse va surtout porter sur la névrose infantile de ce patient, et va tourner autour d'un rêve fondamental fait par celui-ci aux environs de quatre ans. Le rêve a trait à l'image de cinq loups postés sur un arbre et regardant fixement l'enfant.

À partir du matériel associatif, Freud effectue avec son patient une véritable reconstruction analytique. Le rêve renvoie à des scènes de séduction réelles par une sœur, mais, aussi au spectacle entrevu de ses parents faisant l'amour. La vision de cette scène primitive eut pour effet de barrer toute évolution génitale et de fixer l'enfant à une organisation pré-œdipienne. La constatation brutale de la castration (supposée) de la mère, mais aussi de celle, imaginée, du père pendant l'acte sexuel, renvoie alors l'enfant à une vive angoisse de castration, et par régression à une expression pulsionnelle anale.

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